Liaison Lyon-Turin : des poches vides et des poumons bien remplis

L’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord entre la France et l’Italie pour l’engagement des travaux définitifs de la section transfrontalière de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin est prévu ce jeudi 22 décembre 2016. France Nature Environnement demande aux députés de renoncer à la ratification d’un projet aussi inutile que coûteux sur le plan financier comme sur le plan sanitaire.

 

Un projet inopportun qui plomberait les finances publiques

Initialement, le projet de la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin avait pour objectif la réduction du temps de trajet pour les voyageurs et le développement du fret. Or, selon l’étude socio-économique de l’enquête d’utilité publique de 2012[1], la mise en œuvre du projet Lyon-Turin ne permettrait pas de baisser le nombre de poids lourds qui traversent les Alpes à l’horizon 2035. Au contraire, ce trafic devrait s’accroître de près de 50%!

Selon un rapport de la Cour des comptes, rendu public le 29 août 2016, l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France (AFITF) a compté sur la perspective de l'écotaxe poids lourds, abandonnée en 2014, pour financer ce projet. Un amendement au Projet de loi de finances (PLF) 2017 a achevé l’enterrement de l’écotaxe en en faisant disparaître toute trace dans le code des douanes, le code des transports, le code de la route et plusieurs lois autonomes comme la loi Grenelle I. En l’état des engagements budgétaires déjà pris, la trajectoire des dépenses de l’agence conduirait à un trou de 600 Millions d’euros à l'horizon 2019.

Pour Jean Thévenon, pilote du réseau transports et mobilité durables : « alors que presque tous les jours des trains tant de voyageurs que de fret sont en panne faute d’entretien du réseau existant, ce projet de loi consacre l’investissement de 8,3 Md€ dont 2,21 Md€ (valeur janvier 2012) pour la France, dans un projet reconnu comme inutile ! »

 

Une alternative immédiate et peu onéreuse pour remédier à la pollution de l’air dans la région

La voie historique Dijon - Ambérieu - Modane – Turin existe déjà et a été modernisée. L’Autoroute Ferroviaire Alpine (AFA) avec la quasi-totalité des remorques des camions posées sur des wagons surbaissés peut être opérationnelle dans un délai très court. Un rapport européen[2] évalue ses capacités à environ 19 millions de tonnes de marchandises par an sur la ligne existante modernisée. Or, elle a transporté seulement 3,4 millions de tonnes de marchandises en 2012, contre 13 millions de tonnes au milieu des années 90. Elle est clairement sous-utilisée, notamment par le blocage de la réalisation d’une plate-forme de chargement/déchargement à Ambérieu par les soutiens au projet Lyon Turin, qui craignent que l’inutilité de ce projet pharaonique soit ainsi démontrée.

Jean-Paul Lhuillier, spécialiste transports et mobilités durables de FNE : « La pollution de l’air en Rhône-Alpes est dramatique et une solution rapide doit être apportée. La solution alternative serait de développer dès à présent l’Autoroute ferroviaire alpine (AFA) depuis Ambérieu. Ambérieu a l’avantage d’être entre les autoroutes A40 et A43 à l’Est de Lyon permettant de diminuer significativement les trafics poids-lourds en direction des tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus. »

Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Nous demandons aux députés de renoncer à la ratification du projet de loi autorisant l’approbation de l’accord pour les travaux définitifs de la section transfrontalière de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Ce projet risque de porter atteinte à l’équilibre futur des finances publiques et n’est pas nécessaire. Alors que les habitants de la vallée de l’Arve subissent chaque jour les effets d’une pollution de l’air toujours plus importante et que l’État n’apporte pas de réponse à ce problème de santé publique, nos parlementaires ont ici l’occasion de montrer qu’ils sont prêts à réorienter la politique des transports. Les Français ont droit à un air sain et c’est au parlement d’adopter les mesures nécessaires pour faire respecter ce droit. »

 


[1]              Pièce G étude socio-économique page 64

[2]              « Estimation des potentialités du trafic fret à travers les Alpes » de décembre 2006

 

 

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