Le Cher incontournable

Ce cher Cher: il nous est cher comme quelqu'un qui partage notre vie quotidienne. Il nous est cher comme un ancêtre à l'histoire riche et mystérieuse. Et pourtant, on l'oublie souvent.

Son nom évoque l'endroit où il naît, les terres qu'il traverse et la personnalité qu'il s'est forgé.

 

Le Cher prend sa source entre Chard et Mérinchal en Creuse, au village du Cher (se prononce « ché »); cela vient de « caro » au XIIIème siècle, ce qui signifie « celui qui charrie ».

 

Le mot a certainement des racines pré indo européennes: « car », appellation de la pierre, fait référence à la nature rocheuse des gorges du haut-Cher, région de granit, gneiss et micaschiste imperméables.

L’historien Grégoire de Tours le nomme vers 580 « carris torrens ».

Creusois de source à plus de 700 mètres d'altitude, sa pente est à peu près de 9 m par km, jusqu'à Montluçon, puis elle s'adoucit jusqu'à son confluent (0,65 m par km). Long de plus de 300 km, il est l'un des plus importants affluents de la Loire. Il traverse les départements de Creuse sur 50 km et de l'Allier sur 78 km.

Dans Montluçon, son tracé a changé, la présence du Pont Vieux - faubourg Saint-Pierre en témoigne.

 

Son bassin versant se caractérise par un chevelu d'affluents très dense. Parmi eux, l'Aumance à Meaulne et de nombreux ruisseaux : les Etourneaux, Le Couraud et le Lamaron à Montluçon, le Saint-Georges à Désertines... Enfin, c'est à Villandry qu'il rejoint la Loire.

N'oublions pas la Tardes en Creuse qui le rejoint à la presqu'île de St Marien, qui elle-même reçoit la Voueize à Chambon et le Chatcros à Doulaud. Vers Auzances, la Noisette le rejoint.  Des activités de filature se sont développées grâce à lui; actuellement, la filature Fonty à Rougnat reste une des seules en France et le Cher contribue à fournir la laine et le lavage pour les tapisseries d'Aubusson et les grandes marques de couturiers comme Dior.

 

Le Cher avait la réputation d'être la rivière la plus irrégulière de France, avec d'importantes crues encore très présentes dans les mémoires : celles de 1940 et 1960 à Montluçon. Son cours a été régularisé par les barrages de Rochebut (1906) et celui de Prat (1968). Après la crue de 1960, d'importants travaux ont été entrepris, gabions et curages, les îles de sable avaient disparues... Mais à l'heure actuelle, beaucoup sont revenues, particulièrement vers le pont des îles.

Son débit reste néanmoins très variable de 1,3 m3/s, débit garanti par le barrage EDF de Rochebut, à 400 m3/s en période de crue (voir l'ouvrage d’Alain Bisson, Rochebut). La qualité de l’eau varie alors : par temps d'orage, l'eau du Cher est chargée de matières en suspension, ce qui la rend plus difficile à traiter; mais en période de sécheresse, ce n'est guère mieux.

 

N'oublions pas les anciennes mines d'or près de la Tardes, fermées en 1955 mais qui ont continué à polluer le lac de Rochebut avec l'arsenic employée pour l'extraction de l’or. Actuellement, le barrage n'est jamais vidé car, au fond, la vase est très importante et remplie d'arsenic. D'ailleurs, la station de traitement des eaux pour Montluçon, le Gour du Puy, a subi de gros travaux pour pouvoir mieux traitée cette eau. Il faut remarquer à ce propos que les usagers paient une taxe plus importante à l'Agence de l'Eau que dans le reste du département à cause de cette pollution: de quoi se poser des questions…

 

Malgré ses défauts causés par l'Homme, le Cher nous est cher, indispensable à notre vie et indispensable à préserver.

Un des outils de gestion est le SAGE Cher amont. Sur le bassin Loire-Bretagne, seules les réunions relatives au territoire Loire moyenne en parlent (commissions territoriales) ; ce qui engendre souvent l’oubli de la partie du Haut-Cher alors qu'elle fait partie d'une des dernières rivières sauvages d'Europe jusqu'au pont de Sellat, frontière entre l'Allier et la Creuse, avec une flore et faune remarquables et les derniers crapauds sonneurs à ventre jaune.

 

Un combat acharné de la FAN et des organisation environnementales a permis de sauver ce patrimoine avec le refus du barrage de Chambonchard, projet arrêté en 2000 par Mme Dominique Voynet, ministre de l'Ecologie.

On remarquera que la partie rive gauche est classée Natura 2000, pas la rive droite Allier.

 

A ne pas oublier: c'est le Cher qui coule sous les arches du splendide château de Chenonceau.

 

 

Andrée Rouffet Pinon est Vice-présidente de la FAN, administratrice de la FRANE, membre du SAGE Cher Amont pour environnement Limousin, membre du COPIL Tardes et Haut-Cher, et siège au comité de bassin Loire-Bretagne.

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