La loi sur l’eau de 2006 doit être respectée !
Dans l’impluvium de Volvic comme ailleurs !
I - Rappel des priorités énoncées par la loi sur l’eau
La loi sur l’eau de 2006 (articles 1 et L211-1) stipule que « l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation, que sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général. La gestion équilibrée de cette ressource doit permettre en priorité de satisfaire les exigences de santé, de salubrité publique, de la sécurité civile et de l’alimentation en eau potable de la population. Elle doit également permettre de satisfaire ou concilier, lors des différents usages, les exigences :
1°) de la vie biologique du milieu récepteur, et notamment de la faune piscicole et conchylicole;
2°) de la conservation et du libre écoulement des eaux et de la protection contre les inondations;
3°) de l’agriculture, des pêches et des cultures marines, de la pêche en eau douce, de l’industrie, de la production d’énergie, en particulier pour assurer la sécurité du système électrique; des transports, du tourisme, de la protection des sites, des loisirs et des sports nautiques ainsi que toutes activités humaines exercées. »
L’ordre de priorité des usages de la ressource en eau, défini par cette loi, peut donc être résumé de la façon suivante: 1) Adduction eau potable, 2) Alimentation des écosystèmes naturels (cours d'eau, zones humides, etc.) et des agrosystèmes (irrigation potentielle), et 3) Diverses autres utilisations de l'eau, dont, éventuellement, sa commercialisation, terme qui n’est cependant même pas cité.
II – La situation au niveau de l’impluvium de Volvic
Pour que l’ordre de priorités, défini par la loi, soit respecté, il faut que les prélèvements réalisés pour la commercialisation de l’eau en bouteilles (« priorité » n° 3) n'obèrent pas la réalisation de la priorité n° 1, l’adduction d’eau potable, et de la priorité n° 2, à savoir l’alimentation du milieu naturel et des agroécosystèmes, alimentation qui, dans le cas présent, est totalement dépendante du débit de sortie des sources de résurgences de St Genest- l’Enfant.
En conséquence, ce sont les prélèvements pour la commercialisation de l’eau en bouteilles qui doivent être la variable d'ajustement dans le modèle de gestion durable de la ressource en eau du bassin de Volvic pour respecter, en conformité avec la loi, les priorités au niveau de l’adduction en eau potable et de l’alimentation des milieux naturels et des agroécosystèmes.
L’analyse des données quantitatives disponibles conduisent à proposer un débit réservé minimum de 250 l/s au niveau des résurgences de St Genest-l’Enfant pour assurer un fonctionnement correct de l’ensemble de la partie aval du bassin hydrographique.
III – Le leurre de l’interconnexion avec les eaux de l’Allier
Dans ce contexte, l’interconnexion envisagée avec de l’eau en provenance des nappes alluviales de l’Allier, présentée comme une sécurité d’alimentation en eau potable pour la population du secteur Volvic-Riom, alimentation qui serait menacée par le changement climatique n’est, en fait, qu’un faux-prétexte pour permettre à la société commerciale de consommer la ressource en eau, bien public, à sa guise.
Rappelons que contrairement à ce qui est avancé par les responsables locaux et tenants de l’interconnexion, les prévisions concernant l’évolution du climat local n’indiquent pas une diminution du total des précipitations annuelles, mais seulement une variabilité saisonnière avec moins de précipitations en été et plus en automne. Compte tenu de la durée d’infiltration de l’eau dans l’impluvium de Volvic, il va de soi que cette variabilité saisonnière n’a pas d’impact sur la disponibilité de la ressource en eau.
Dans ces conditions, en parfait respect de la loi sur l’eau et de la nécessité impérieuse d’un développement durable et responsable, la population du secteur Volvic-Riom n’acceptera pas de voir l’eau de l’impluvium de Volvic partir à l’étranger par camions et trains entiers, dans des bouteilles plastiques.
L’eau, définie comme un bien commun, exige une gestion responsable et durable au bénéfice de l’ensemble de la population, du milieu naturel et des éco- et agro-écosystèmes.
Christian Amblard