Plateforme Eau de la FRANE - 2ème partie

L’interconnexion des réseaux :

 

Si l’interconnexion des réseaux d’Alimentation en Eau Potable permet de régler ponctuellement des problèmes de pollutions ou encore de faire face à des situations de sécheresse, elle équivaut souvent à un détournement d’eau d’un bassin sur un autre avec des conséquences néfastes sur la qualité des milieux aquatiques.

 

En matière de sécurisation de l’AEP, l’interconnexion des réseaux ne doit donc pas être un objectif inéluctable et unique mais une alternative à prendre en compte parmi d’autres ou en association avec d’autres mesures.

 

L’interconnexion ne devrait être autorisée que pour une durée limitée, notamment lorsque le réseau bénéficiaire dispose d’une ressource de proximité inexploitée ou rendue inexploitable par une pollution corrigible, ou encore tarie par des aménagements réversibles.

 

Face à la pénurie d’eau épisodique, l’effort doit être porté en priorité sur les économies d’eau et la réparation des fuites sur les réseaux (30% de perte en moyenne en France).

 

Quelques exemples de détournement ou interconnexion à ne plus autoriser :

- Approvisionnement de la ville de Thiers par la Crédogne, ce qui provoque la quasi mise à sec de cette dernière alors que Thiers a, à proximité, une nappe alluviale qu’elle n’exploite pas, celle de la Dore.

- Interconnexion au profit de Montluçon qui pourrait restaurer et exploiter à nouveau la nappe alluviale du Cher.

 

Les Périmètres de Protection de Captage :

 

Il est urgent d’aboutir à la mise en œuvre effective des périmètres de protection de captage et à l’application réelle de leurs prescriptions. Une gestion volontariste de l’occupation du sol en vue d’améliorer la protection de la ressource en eau est aussi nécessaire au sein des périmètres (plantation de haies, reconversion de peupleraies, etc.). Lors de la définition des périmètres et des prescriptions, il faut veiller à ce que les zones d’eaux stagnantes naturelles (boires, mares) ne soient pas systématiquement comblées, et que le bois mort ne soit pas systématiquement enlevé.

 

L’embouteillage d’eau :

 

La consommation d’eau en bouteille ne cesse de croître (+12% par an en moyenne dans le monde), y compris dans notre pays. La France est  l’un des plus gros consommateurs par habitant avec en moyenne 145l par an et par personne (95% des foyers achètent de l’eau en bouteille). 700 eaux sont commercialisées (sous une centaine de marques) et le marché de l’eau en bouteille en 2004 représentait 12 milliards de litres (12 millions de m3) (le marché des eaux de source double en volume environ tous les 10 ans).

En Auvergne, près de 100 sources sont exploitées (sur 10 sites d’embouteillage), la production annuelle avoisinant le milliard de litres (1 million de m3) (soit 15% de la production nationale). Les prélèvements sont en augmentation et il convient d’être vigilant quant à leur développement. La dernière usine d’embouteillage implantée en 2005 à Laqueuille (63) prévoit par exemple de multiplier à terme par 3 sa production.

Outre les impacts sur les ressources en eau et les sources d’altitude qu’engendre ce type d’industrie, rappelons aussi que l’embouteillage est fortement consommateur de ressources non renouvelables (consommation d’hydrocarbures pour la production du plastique des bouteilles et pour leur transport) et producteur de déchets. Au niveau mondial, la fabrication des bouteilles requiert 2,7 millions de tonnes de plastique (le PET) et 8 à 9 millions de barils de pétrole par an. Le PET est certes recyclable mais seule une bouteille en plastique sur deux est triée en France, le reste finissant en décharge ou étant incinéré.

La consommation d’eau embouteillée est un subterfuge qui engendre la tolérance de dégradation généralisée de l’eau potable. L’appropriation de l’eau à des fins commerciales est également peu  conforme à l’esprit de la loi sur l’eau de 1992 qui déclare que l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation.

 

 

Les économies d’eau potable :

 

Consommer de l’eau c’est l’évaporer ou la rendre inutilisable à l’aval (détournement, pollution…). Il est important de faire une distinction entre le prélèvement et la consommation ; cette dernière étant la différence entre le prélèvement et l’eau restituée au milieu naturel.

 

On peut résumer à quatre les titres d’usage de l’eau : dans l’industrie, dans l’agriculture, les services collectifs et l’usage domestique. Il en est toutefois un qu’il ne faut pas oublier, à savoir le besoin et la consommation d’eau dans les milieux naturels. 

 

Il sera traité ci-après et succinctement des économies à encourager dans les activités utilisant un réseau d’adduction d’eau potable (pour l’usage en agriculture, voir plus loin).

Les utilisateurs d’eau potable peuvent être des entreprises industrielles, les services collectifs et les foyers domestiques.

 

Le prélèvement d’eau à usage domestique est de 140 à 150 l/j/habitant dans le bassin Loire-Bretagne (il était de 40 l au début du 20ème siècle) dont 35% sont évaporés et 65% restitués au milieu après épuration.

En été, peuvent se poser des problèmes de diminution de la ressource, problèmes aggravés par des fuites sur certains réseaux pouvant engendrer jusqu’à 60% de perte (à corriger prioritairement). Ces problèmes poussent à augmenter le nombre des captages et à augmenter les prélèvements sur chacun d’eux au détriment du cycle naturel des eaux. Ces problèmes peuvent aussi inciter à  construire des barrages dont l’impact et le coût pourraient être évités en réduisant les usages d’eau superflus.

 

Les distributeurs et les consommateurs doivent admettre qu’il n’est pas possible de satisfaire à toutes les demandes en période d’étiage.

 

L’information et l’incitation aux économies d’eau doivent devenir une priorité.

Il faudrait aussi que la distribution de l’eau ne soit pas confiée à des organismes qui, par intérêt financier ou par une « déontologie » discutable, ont tendance à satisfaire sans limite la demande.

 

Il faudrait être vigilant au développement de certaines piscines privées qui peut entraîner une augmentation de la consommation d’eau potable, notamment en période critique.

 

D’autres usages ne nécessitent pas une eau de haute qualité (et de plus en plus rare) ou même potable, usages industriels, collectifs ou privés, qui peuvent représenter la moitié des volumes prélevés sur certains réseaux d’adduction d’eau potable.

 

Parmi d’autres solutions, sur certains secteurs du territoire, ruraux notamment, la récupération de l’eau de pluie et son emploi à plusieurs usages (par exemple : arrosage des jardins, lavage des voitures, utilisation pour certains usages dans la maison : lave-linge, WC…) constitueraient une mesure d’économie parmi les plus efficaces.

 

L’eau est précieuse. Il faut apprendre à l’économiser.

 

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