Sécurité de bas niveau pour installations à haut risque

 

Après enquête, l’incendie de deux cuves sur le site pétrochimique de Lyon dellBasell a bien pour origine un acte de malveillance. Alors que le régime Seveso est le plus strict au regard de la sécurité, nous nous interrogeons sur le niveau d’exigence qui s’impose désormais aux industriels.

 


Pour une meilleure anticipation des actes de malveillance.


La France reste une puissance industrielle qui compte 500 000 installations classées. Il s’agit d’un régime qui impose des règles particulières au regard de la dangerosité de l’activité ou des substances utilisées. Parmi ces installations, 1200 sont classées Seveso. Les activités concernées présentent des risques sanitaires et environnementaux majeurs.


Etudes des dangers et système de gestion de la sécurité s’imposent aux exploitants pour anticiper les accidents et prendre des mesures d’endiguement. Cependant, ces mesures sont davantage consacrées aux risques de dérapages internes de l'installation que sur les agressions externes. Au regard des évènements récents, la question de la prise en compte des actes de malveillance est soulevée. Alors que les sites Seveso faisaient déjà l’objet d’une surveillance accrue, l’incendie de lundi pointe les limites des études précitées.


Parmi les éléments susceptibles d'accroitre les risques de malveillance et encore peu évoqués, il ne faut pas négliger l'explosion de la sous-traitance qui amène sur ces sites, souvent très grands, de très nombreuses personnes appelées à y travailler parfois quelques jours ou quelques semaines seulement.



Pour un contrôle mieux organisé des industries


Le contrôle des ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) relève de la compétence de l’Etat, qui dispose de 1250 inspecteurs chargés d’instruire les dossiers, et de contrôler les sites. Si on compare les 1250 inspecteurs aux 500 000 ICPE, les services de l’Etat sont bien maigres, et ce sous-effectif constant nuit à la bonne gestion des risques dans les installations. Si les risques sont plus importants dans les sites SEVESO, les sites de moindre importance recèlent aussi des dangers et sont parfois bien moins contrôlés. Pour faire des économies et ne pas renforcer le nombre d'inspecteurs, l'Etat s'efforce depuis quatre ans de « rétrograder » une part importante de ces ICPE du statut « à autorisation » au statut « à enregistrement » évidemment bien moins contrôlé. Si les Seveso sont visités au moins une fois par an, cette visite relève parfois de la routine réglementaire. Les visites inopinées représentent moins de 20% des visites.


Pourtant, la France a connu la catastrophe d’AZF. En 2003, une politique de réduction des risques à la source et d’éloignement des populations était alors mise en place. 14 ans plus tard, 80 % des plans de prévention des risques technologiques sont adoptés mais aucun n’a encore été mis en œuvre, en tout cas sur les aspects fonciers. Les populations riveraines sont toujours exposées aux effets d’un accident.



Quid de la sécurité des sites nucléaires ?


Au-delà de la sécurité des sites industriels, c’est la sécurité nucléaire qui pose question. Avec des installations qui constellent le territoire, l’enjeu de la sécurité des installations nucléaires, notamment au regard des intrusions, pose question. Une installation comme La Hague concentre à elle seule l'équivalent d’une centaine de cœurs de réacteurs usés


Pour Denez l’Hostis, président de FNE : « L’ambition industrielle de la France est souvent réaffirmée. Associons cette affirmation à un renforcement de la sécurité, bénéfique pour la population et l’environnement.»

 


France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement. C'est la porte-parole d'un mouvement de 3000 associations, regroupées au sein de 80 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer. Retrouvez-nous sur fne.asso.fr, Facebook et Twitter (@FNEasso).

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