Connu dans toute la France et le monde entier, l’utilisation du glyphosate pourrait bien être remise en question sur le territoire Français et au-delà dans quelques jours. La FRANE fait le point sur son impact en Auvergne.
L'Allier, rivière particulièrement impactée par l'utilisation du glyphosate (Florence Arnould).
Un peu, beaucoup, à la folie…
Depuis 1997, cette molécule fait partie des molécules recherchées dans l'eau de surface (rivières, lacs, retenues), l'eau souterraine et l'eau de consommation dans le cadre du suivi phyt'eauvergne.
Le site phyt’eauvergne est actuellement en refonte pour fusionner avec celui de Rhône-Alpes (CROPPP).
Grace aux recherches réalisées sur le territoire, on peut voir qu’une majeure partie des cours d’eau sont contaminés par le glyphosate (molécule mère) et sa principale molécule de dégradation (AMPA). Ce sont les molécules les plus retrouvées dans les analyses auvergnates (1ère ou 2ème position selon les années).
Les derniers résultats pour 2016 (pas encore publiés) montreraient que plus de 70% des analyses réalisées sont positives à la molécule de dégradation, et 50% à la molécule mère.
Si la toxicité (vis-à-vis de l'Homme et de l'environnement) est connue, celle de l’AMPA ne l'est pas.
Les synthèses des résultats récapitulés dans la plaquette de 2015 ici et la synthèse comparative de 2004 à 2011 ici présentent les caractéristiques des molécules analysées et montrent que les fréquences de quantification augmentent.
L’augmentation du glyphosate s’expliquerait notamment par l’interdiction en 2008 du Diuron, molécule utilisée comme anti-germinatif, au profit du glyphosate.
La contamination touche aussi le compartiment souterrain mais dans une moindre mesure.
Comme nous le voyons sur les cartes, les départements du Puy-de-Dôme et de l’Allier sont particulièrement touchés, notamment le long de la Limagne. Vous trouverez d’autres chiffres dans ces publications (glyphosate et AMPA parmi les 7 premières molécules retrouvées dans l’eau de consommation en 2015, même tendance pour 2016).
Pas du tout !
A notre sens, il est urgent d’interdire cette molécule (et pas uniquement de façon temporaire) du fait des impacts environnementaux et sanitaires, tant pour les agriculteurs que pour les consommateurs. Et nous refusons que ce soit une nouvelle molécule chimique qui prenne le relais.
Mais il est nécessaire qu’on l’accompagne d’une aide technique et financière pour les agriculteurs.
De plus en plus d’études, recherches et expériences montrent qu’il existe des solutions alternatives à l’utilisation massive de pesticides (choix de variété, rotation diversifiée, déchaumage, couverture du sols, biocontrôle…) que ce soit en agriculture bio et agroécologie.
Les agriculteurs en AB connaissent bien ces pratiques. Mais elles ne sont pas assez mises en avant. Certes, elles sont moins commodes que le pulvérisateur et rapportent moins aux agro-industries mais elles permettent de redevenir optimiste sur la durabilité des pratiques agricoles.
La solution de facilité serait de remplacer cette molécule par une autre, mais serait très probablement une impasse environnementale et économique sur le long terme.
Rappelons que l’on ne sait pas traiter ces molécules, que les stations d’épuration n’y peuvent rien, et que l'on ne peut qu’attendre que ces molécules se transforment en d’autres, moins toxiques espérons-le.
La recherche sur la question de la toxicité de ces molécules fonctionne, même elle ne prend encore que trop rarement en compte la complexité des associations avec d’autres molécules présentes dans l’environnement.
Pris isolément, on pourrait conclure sur une absence de dangerosité (c’est alors ce qu’avait dit le Ministère pour le Fipronil) mais on ne peut raisonner de cette façon dans la réalité.
Dans le même esprit, il serait naïf de penser que l’on pourra trouver des molécules qui tuent les plantes mais ne sont dangereuses ni pour l'environnement, ni pour l'Homme.
En bref sur le glyphosate :
Herbicide total, le glyphosate est le principe actif majoritairement vendu sous forme d’un produit appelé Round-up.
La formulation lui associe plusieurs adjuvants, dont le POEA (polyoxyéthylène amine), qui présentent bien souvent une toxicité encore plus importante que la molécule active.
Ces molécules sont généralement peu connues, non recherchées dans les analyses de pollutions.
Pour aller plus loin, retrouvez nos positions sur l’agriculture en Auvergne (et l’agroécologie) et autres thématiques ici ainsi que l’avis de notre fédération nationale FNE sur le sujet ici.
- Interview de Jacques Debeaud (Président de la Fédération Allier Nature) sur la question du glyphosate par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (vidéo du 19/20 ci-dessous du 27/09/2017).
" Etant donné que c'est un herbicide total,il n'y a pas de cadeau, il détruit tout et détruit toute la biodiversité. Ce qu'il faut c'est arriver à retrouver un équilibre. Il faut sanctionner le glyphosate mais sanctionner aussi tous les autres. Il ne s'agit surtout pas d'aller le remplacer par une autre substance chimique qui sera mise sur le marché sans que l'on ait de recul. "