Aujourd’hui, jeudi 21 juillet, le Premier ministre inaugure le tunnelier qui creusera la galerie de reconnaissance du tunnel d’une nouvelle ligne ferroviaire Lyon Turin. Le tunnel doit relier Saint-Jean-de-Maurienne en France au Val de Suse, en Italie. Pour France Nature Environnement, il s’agit d’un projet onéreux et inutile, privant la France d’une modernisation de son réseau qui ne peut plus attendre.
Construire une nouvelle ligne, quel intérêt ?
Le projet de construire une nouvelle ligne de chemin de fer entre Lyon et Turin date d’une époque où les échanges entre les deux pays étaient plus dynamiques (1988). Il s’agit de construire 257 km de ligne ferroviaire dont 57 km sous les Alpes entre la France et l’Italie et 6 km de la zone humide Bourdre-Catelan du côté français. Les deux arguments majeurs des promoteurs du projet sont la réduction du temps de trajet pour les voyageurs et le développement du fret.
Selon l’étude socio-économique de l’enquête d’utilité publique de 2012, la mise en œuvre du projet Lyon Turin ne permet pas de baisser le nombre de poids lourds à l’horizon 2035 dans ces deux tunnels. Au contraire, il devrait s’accroître de près de 50% dans les tunnels du Mont-Blanc (A40) et de Fréjus (A43) !
A noter que l’Europe ne s’oppose pas à une LGV voulue par la France mais demande une priorité d’aménagement sur le réseau ferroviaire conventionnel pour des liaisons ferroviaires du transport combiné. L’Europe et SNCF Réseau ont permis la modernisation de la ligne Dijon - Ambérieu - Modane - Turin. Un rapport européen « Estimation des potentialités du trafic fret à travers les Alpes » de décembre 2006 évalue à environ 19 millions de tonnes de marchandise par an sur la ligne modernisée. Cette ligne est en service depuis 2010. Il y avait seulement 3,4 millions de tonnes en 2012.
L’Autoroute ferroviaire alpine comme alternative
Le développement de l’Autoroute ferroviaire alpine (AFA) depuis Ambérieu est une solution avérée. L’AFA a l’avantage d’être entre les autoroutes A40 et A43 à l’Est de Lyon permettant de diminuer significativement les trafics poids-lourds en direction des deux tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus. La solution proposée par de nombreux opposants, dont le mouvement FNE, coûterait entre 20 et 50 millions d’euros. Une solution plus de 500 fois moins chère qui répondrait davantage aux besoins réels et serait opérationnelle bien plus rapidement. Comment est-il possible d’empêcher la mise en service de l’Autoroute ferroviaire alpine (AFA) depuis Ambérieu-en-Bugey sur une ligne entièrement modernisée ? Cette ligne attend des trains de fret dont de ferroutage depuis 2010 afin de transférer plus de 300 000 poids lourds par an sur le rail.
Jean-Paul Lhuillier, spécialiste transports et mobilités durables de FNE : « Alors que la France pleure la perte d’un milliard d’euros suite à l’abandon de l’écotaxe, on apprend le financement à hauteur de 2,2 milliard d’euros du projet Lyon Turin par la France. Il ne faut pas des milliards d’euros pour l’amélioration significative de la qualité de notre air dans nos vallées alpines. Il faut de la volonté politique en utilisant au maximum l’existant tout de suite et maintenant ».
Et nos services TER sont toujours « malades » …
Être écologique ce n’est pas faire une inauguration pour un projet « pharaoniquement » déficitaire alors que juste à côté, la ligne ferroviaire historique attend désespérément des trains ! Être écologique ce n’est pas autoriser le trafic routier dans le deuxième tube du tunnel du Fréjus en cours d’aménagement ! Le bon sens voudrait que nous rendions opérationnel et efficace l’AFA depuis Ambérieu, tout de suite et maintenant !
Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Nous demandons à l’État d’abandonner son soutien au projet Lyon-Turin et de se consacrer à la modernisation et à l’entretien du réseau existant au lieu de dépenser des sommes pharaoniques pour un projet dont l'utilité n'est pas avérée. S’il était renforcé, le ferroutage sur la ligne existante depuis Ambérieu permettrait largement de contribuer à désengorger les deux tunnels existants.
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