Notre nouveau Conseil Régional aime les chasseurs, pas les naturalistes !

Le Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes considère maintenant les chasseurs comme des spécialistes de la biodiversité, plus compétents que les naturalistes et les biologistes, et donc passe avec eux contrat pour des études sur la faune pendant 3 ans.

 Dans ce contrat il est prévu un axe important : préserver et améliorer la biodiversité ! Un autre concerne la communication et le partage de l’espace !

 

Les études prévues concernant la faune sont les suivantes :

 

- Améliorer la connaissance de la Bécasse des bois et de ses habitats pour mieux la gérer et la préserver. La Bécasse est une espèce menacée, du moins en tant que nicheuse. Par ailleurs elle subit, de la part des chasseurs, une pression très forte, trop forte probablement. Alors espérons que cette étude contribuera à faire baisser cette pression ! 25 000 euros par an, ce n’est pas considérable !

 

- Suivi du Lièvre variable. Cette espèce est en effet menacée et le changement climatique ne va pas arranger les choses ! 123 000 euros par an, c’est considérable !

 

- Suivi du Vanneau huppé et des espèces associées ; Œdicnème criard, Courlis cendré, Petit gravelot. L’objectif est d’améliorer la prise en compte de ces espèces dans les parcours agronomiques, ce qui est un réel problème, d’autant que ces espèces sont menacées. Le Petit gravelot ne niche cependant pas dans les parcelles agricoles! Coût : 20 000 euros par an. Ce n’est pas énorme, mais la compétence des naturalises n’est pas du tout sollicitée.

 

- Etude de l’impact de la chasse sur l’état de conservation des galliformes de montagne dans les Alpes du nord. Les chasseurs s’inquiètent donc aussi de ces espèces. C’est une bonne chose, mais curieusement aucune association naturaliste n’est citée, comme si seuls les chasseurs connaissaient ces espèces ! Coût : 170 000 euros sur2 ans, c’est du sérieux. Gageons qu’ici aussi ce travail conduise à une baisse de la pression de chasse.

 

- Suivi des grands prédateurs par piégeage photographique. Les chasseurs estiment que le loup et le lynx se développent (trop !). Mais il n’est fait allusion à aucun des autres suivis effectués par l’ONCFS ou les naturalistes. Et que va apporter l’exploitation de photos pour évaluer de telles populations ? Coût : 90 000 euros. C’est cher payé pour des résultats non contrôlables !

 

- Qualification et évaluation des habitats naturels. L’objectif est de faire une cartographie et une évaluation des habitats naturels au niveau de mailles de 25 ha. L’objectif est très louable, mais qui pourra utiliser cette cartographie et pourquoi est-elle mise en place sans aucun naturaliste ? De plus ce serait aux DREAL de piloter de tels travaux, puisqu’ils sont faits dans le cadre de la trame verte! Coût : 136 000 euros. Ce n’est pas donné !

 

- Conserver et améliorer un réseau de haies sur le territoire. Là on ne peut qu’applaudir, mais il ne faudrait pas oublier ceux qui travaillent déjà dans ce sens. Coût : 154 000 euros par an. A ce prix, espérons que le linéaire de haies va s’améliorer sérieusement et que plus aucune haie ne sera arrachée dans la région.

 

- Achat de colliers GPS pour évaluer des corridors biologiques dans le Pilat. Là on s’attend à un suivi d’espèces variées et représentatives ! Mais non, il s’agit d’équiper des sangliers !

 

- Prévention des collisions entre la faune sauvage et le trafic routier. Coût : 20 000 euros par an. Il s’agit d’équiper certaines routes avec des réflecteurs spéciaux. C’est un vieux problème, mais qui prend de l’ampleur. Là il faudrait aller beaucoup plus loin et s’attacher aussi à des partenaires déjà sur le sujet.

 

- Favoriser le développement des cultures intermédiaires favorables à la biodiversité. Les objectifs et les effets attendus sont louables, d’autant que les espèces gibiers ne sont pas citées. Coût : 263 000 euros par an. C’est du sérieux. Gageons que cela ait un effet net !

 

               Cinq autres actions, toutes très couteuses concernent : la gestion des milieux naturels ou ordinaires, propriétés des fédérations de chasse, la réhabilitation des habitats du Tétras-lyre (ouverture de milieux), des actions pédagogiques en faveur de la chasse, de la communication pour la chasse, via le thème du partage des espaces naturels, les questions de sécurité.

 

               Par hasard, plusieurs espèces étudiées font l’objet d’une forte pression de la LPO Rhône-Alpes contre leur chasse ! Lagopède alpin, Tétras-lyre, Gélinotte des bois, Perdrix bartavelle, Lièvre variable. Les chasseurs chercheraient-ils des informations pour continuer à chasser des espèces très en difficulté ?

 

               Que les chasseurs d’intéressent à la biodiversité ne pose pas de problème, à condition qu’ils agissent dans le sens de la conservation, le nombre d’espèces menacées par la chasse et le braconnage étant déjà très important ! Une critique fondamentale est par contre l’absence totale de la prise en compte des données naturalistes et du travail fait par ailleurs sur nombre de sujets. Est-ce bien raisonnable à une époque où l’utilisation de l’argent public doit être correcte ? Il est évident qu’une expertise des projets conduiraient à les rendre beaucoup plus efficaces et d’un intérêt public évident. Ce n’est pas le cas. N’aurait-on alors que des prétextes pour aider les fédérations de chasse ? C’est une question.

 

               Le mot biodiversité est très souvent utilisé, mais en général seules les espèces gibiers sont concernées. Les chasseurs n’en ont en fait qu’une vision très restrictive : les espèces gibiers, et les prédateurs naturels. Il faut dire que le mot biodiversité est bien commode pour communiquer ! Rappelons tout de même l’énorme travail fait par l’ensemble des associations naturalistes. Ce travail est connu des services de l’état, du grand public, des différentes institutions. Un des fleurons de ce travail est le livre sur la biodiversité en Auvergne. Les chasseurs ne sont probablement pas au courant !

 

               Apparemment les projets des chasseurs n’ont pas été évalués par des spécialistes. C’est curieux quand on sait avec quelle méticulosité les pouvoirs publics examinent habituellement les projets concernant la nature !

 

               L’argent public engagé est de 1 million d’euros par an. Ce n’est pas négligeable, mais le manque d’expertise initiale et le manque de partenaires posent question. Par ailleurs les actions généralistes pour la chasse dépassent financièrement les actions concernant la biodiversité.

 

               Dans le même temps les associations naturalistes et celles luttant pour la conservation d’un environnement préservé voient leurs aides régionales plus ou moins disparaitre. Cherchez l’erreur ! Les chasseurs qui se plaignaient de l’aide apportée à ces associations peuvent se frotter les mains. Ils ont apporté leur appui au parti qui dirige la Région, ils en reçoivent la contrepartie !

 

PS : nous recommandons au lecteur de relire le numéro spécial d’Auvergne Environnement consacré à la chasse en Auvergne. Ce document, malheureusement confidentiel, était très instructif !

 

Demander le numéro d'Auvergne Environnement sur la Chasse en Auvergne, auprès de l'équipe de la FRANE: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

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