Le Gouvernement vient d’annoncer une augmentation de 2 centimes du prix du diesel à la pompe. Est-ce vraiment une mauvaise nouvelle ? Pas si sûr ! Avec une économie nationale en crise et une urgence sanitaire en marche du fait de la pollution de l’air, certaines nouvelles sont bien meilleures que ce qu’il n’y paraît. Explications de France Nature Environnement (FNE).
Rendez-nous notre air
Depuis 1988, plus de cinquante études épidémiologiques[1] sont venues renseigner les effets délétères des polluants émis par les véhicules diesel sur notre santé et la qualité de l’air que l’on respire ne s’améliore pourtant pas. 42.000 morts prématurées chaque année en France du fait de la pollution aux particules fines, dont plus de la moitié des rejets est attribuable au diesel. L’Organisation Mondiale de la Santé déclare même les gaz d’échappement diesel comme des cancérogènes certains pour l’homme[2]. Que faudra-t-il de plus pour que l’urgence sanitaire provoquée par la pollution de l’air soit enfin traitée ?
Rendez-nous aussi notre argent
Au-delà des effets sanitaires conséquents de la pollution de l’air, il y a le coût du système « tout diesel » aujourd’hui porté par la France. La différence de taxation entre l’essence et le diesel représente plus de 7 milliards de pertes de recettes par an pour l’Etat français et ce n’est pas tout. La filière de raffinage français est incapable d’absorber la demande au sein de l’hexagone, raison pour laquelle le diesel pèse plus de 16 milliards d’euros d’importation dans l’économie française. Cette fiscalité diesel à la française est vivement critiquée par FNE, mais nous ne sommes pas les seuls. C’est en effet aussi l’avis de l’OCDE, du FMI ou encore du Comité d’évaluation des dépenses fiscales et niches sociales[3]. Les coûts sanitaires de la pollution de l’air, dont le diesel est pour une bonne part responsable, sont eux de 20 à 30 milliards d’euros par an, soit environ 450 euros par habitant et par an pour l’année 2000[4].
Une fausse compensation à l’Ecotaxe
En application des dispositions spécifiques au transport routier de marchandises, le tarif applicable au gazole utilisé par les poids lourds est plafonné dans le cadre de décrets régissant le transport routier. Les professionnels ont d’ailleurs été très actifs depuis plusieurs mois pour maintenir ce système dérogatoire. Conclusion : le transport routier n’est pas concerné par cette augmentation du prix du diesel.
Pour Michel Dubromel, responsable transports et mobilités durables : « A l’heure où tous les citoyens sont soumis à une contribution d’intérêt général, il est scandaleux que ces derniers soient condamnés à payer alors qu’un secteur économique contribuant largement aux émissions de particules fines, est exempté. »
Pour Denez L’Hostis, président de FNE : « Aujourd’hui, alors que plus de 60% du parc français roule au diesel, il est temps d’agir ! Agir sur la fiscalité du diesel aujourd’hui c’est protéger la santé et le porte-monnaie des Français, mais c’est aussi avancer vers un modèle de mobilité plus vertueux. Il faudra que ce premier pas fasse l’objet d’une vraie prise de conscience qui nous amènera à repenser notre politique transport… »