L’Allier : une rivière dont il faut préserver la dynamique ! - Une dynamique indispensable

Une dynamique indispensable

 

berges allierLa dynamique fluviale est à l’origine de la physionomie de la rivière et de son tracé.

 

Elle façonne les paysages fluviaux et conditionne la présence et le renouvellement d’une diversité de milieux naturels d’une grande richesse écologique. Plages, îlots, falaises d’érosion, bras morts… sont autant de témoins de la dynamique fluviale. La dynamique entretient l’étendue des espaces naturels et assure leur rajeunissement. Tandis que la rivière crée des espaces neufs tels des plages, elle engloutit ailleurs, sous l’effet de l’érosion, des milieux anciens. Création, destruction et régénération des biotopes par la rivière confèrent un état natif au site fluvial.

 

Elle permet l’auto-épuration de l’eau, en maintenant une bonne qualité des milieuxqui participent à l’épuration de l’eau (filtration dans les bancs de sable et les ripisylves par exemple, voir fiche nappe alluviale), en brassant et étalant le courant à l’air libre et au soleil…

 

AllierElle joue un rôle majeur dans la préservation de la nappe alluviale et donc d’une ressource en eau qualitativement et quantitativement importante (sauf incidence de l’Homme), en renouvelant régulièrement les alluvions qui filtrent l’eau, et en maintenant le niveau et l’étendue de la nappe (voir fiche sur la nappe alluviale).

 

Elle entretient les zones naturelles d’étalement et de ralentissement des crues, diminuant ainsi l’intensité des crues en aval et par conséquent leurs dommages potentiels.

 

La mobilité du cours d’eau et les crues sont ainsi les garants des qualités hydrogéologiques et environnementales du site fluvial.

 

 

 

Une dynamique encore importante mais perturbée par l’Homme

 

L’Allier est une rivière à la dynamique fluviale active en comparaison de nombreux autres cours d’eau. Ainsi, elle est plus mobile que la Loire pourtant souvent connue comme étant le dernier fleuve sauvage de France… Sa pente importante (près de 5 fois, en plaine, celle de sa sœur jumelle), en fait une rivière rapide à la puissance d’érosion de ses berges d’autant plus accentuée. Néanmoins sa dynamique n’est plus ce qu’elle était, en raison d’activités et d’aménagements humains qui empêchent l’Allier de divaguer et perturbent son fonctionnement.

 

TravauxLa surexploitation des alluvions (matériau de très haute qualité pour faire des bétons et facile d’extraction), à partir des années 1950, est la principale responsable de l’enfoncement du lit de la rivière, aux conséquences socio-économiques et environnementales graves (voir plus loin). En effet privé d’une partie de ses sédiments par les extractions, l’Allier, pour compenser ce déficit, érode son fond, d’où son incision. Les extractions en lit mineur ont bien été interdites en 1982 mais celles installées depuis en lit majeur ont à plus ou moins long terme sensiblement les mêmes conséquences sur le transport sédimentaire et l’incision du lit.

EnrochementPar ailleurs, pour protéger les activités humaines et les aménagements situés dans la zone de mobilité de l’Allier (gravières, cultures, bâtiments, etc.), on a recours à des enrochements (déversements de rochers, de béton, murs de soutènement, etc.) destinés à consolider les berges et ainsi empêcher la rivière de les éroder et donc de divaguer. Des digues, très peu nombreuses, ont aussi été construites. Ces protections de berges ont les mêmes conséquences néfastes que les extractions de granulats : l’Allier, emprisonné, ne peut plus éroder ses rives pour se recharger en sédiments et creuse son lit qui s’enfonce et se rétrécit.

Plus de 20% du cours de l’Allier est aujourd’hui emprisonné dans des berges artificialisées entre Vielle-Brioude et la confluence avec la Loire. Ces protections ne font que déplacer le problème, rejetant l’érosion vers l’aval en direction de terrains qui n’auraient pas été érodés en temps normal, et induisant de ce fait de nouvelles protections. Leur coût est souvent bien supérieur à celui des biens menacés. De plus, les protections provoquent un sentiment de sécurité et attirent ainsi derrières elles de nouvelles occupations humaines…

 

Pont sur l'allierD’autres aménagements, tels les ponts, les barrages et les seuils, entravent aussi la dynamique fluviale. Les ponts occasionnent un resserrement de la zone de divagation, soustrayant à l’érosion d’importants champs d’alluvions et contribuant ainsi à l’enfoncement du lit. Leur multiplication et leur rapprochement reviennent à endiguer la rivière. Les barrages perturbent fortement le fonctionnement hydrologique du cours d’eau et bloquent le transports des alluvions. 

 

En empêchant l’érosion latérale, on provoque donc l’enfoncement du lit de la rivière et on en supprime les bienfaits sur la diversité des espaces naturels, l’épuration et le stockage de l’eau.

 

Aujourd’hui, la dynamique de l’Allier est faible ou inexistante sur la majorité de son linéaire de plaine (40%) et seul 20% du cours conserve une érosion intense des berges (les 40% restant présentant une divagation latérale modérée). L’Allier érode actuellement en moyenne seulement 35 hectares par an de rives dans sa plaine. L’érosion est particulièrement importante entre Joze et St Yorre (surtout à partir du bec de Dore), en dehors des zones enrochées, et le devient encore plus entre Varennes et Moulins ; la rivière méandre alors très fortement. Près des deux tiers de la surface érodée annuellement par l’Allier le sont dans ce secteur du val d’Allier bourbonnais. Le déplacement d’un méandre peut faire reculer la berge de plus de 10 mètres par an. Les alluvions sont si friables que l’érosion a lieu même en période de basses eaux alors que dans le val amont elle est surtout activée par les crues.

 

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